Voici un article de Tout Compte Fait:
Tout Compte Fait / no 9-2012 (p.11)
Les adoucisseurs d’eau se vantent de prévenir le tartre. Mais leur utilité n’est pas toujours aussi claire que l’eau de roche.
Le calcaire, personne n’en veut. Et les industriels – Calgon en tête – ont eu le génie de le diaboliser à l’extrême pour faire le lit des produits anticalcaires. Depuis les années 1960, il est dépeint comme un tortionnaire de tous les appareils appelés à chauffer de l’eau à haute température. On pense bien sûr aux lave-linge, mais également aux lave-vaisselle, aux bouilloires et aux chauffe-eau électriques, pour ne citer qu’eux.
Dans la même mouvance, l’élan anticalcaire a favorisé l’avènement des adoucisseurs d’eau. Or, placés à l’arrivée principale, ces dispositifs ne sont pas aussi miraculeux qu’il y paraît. Bien souvent, ils s’avèrent coûteux, superflus et pas si innocents pour la santé, alors que quelques astuces suffisent à réduire les dépôts de calcaire (lire encadré).
Du calcaire, il en faut
L’élément central qui peut justifier ou non une telle installation, c’est la dureté de l’eau qui exprime la teneur en calcaire (calcium et magnésium). Pour en connaître la valeur – en degrés français (°f) - il suffit de s’adresser à son distributeur d’eau potable.
En Suisse, les eaux sont classées en six catégories allant de très douce (0 à 7°f) à très dure (plus de 42°f). Selon la Société suisse de l’industrie du gaz et des eaux (Ssige), l’adoucissement n’est recommandé que pour des duretés excédant 30°f. A contrario, une eau ne devrait pas être adoucie à moins de 12°f, sous peine de la rendre agressive et corrosive pour la tuyauterie.
Efficacité contestée
Sur les marchés, on distingue deux types d’installations: les systèmes chimiques et physiques.
Les systèmes physiques ne sont pas de véritables adoucisseurs, dans la mesure où ils ne modifient pas la composition de l’eau. Grâce à des procédés magnétiques ou électromagnétiques, ils sont censés empêcher le calcaire de se déposer dans les canalisations. L’avantage, c’est que l’eau conserve sa qualité. Mais leur efficacité est très contestée. Alors, même si leur prix paraît abordable – moins de 500 fr. pour certains modèles –, il convient de s’assurer que le contrat prévoit une garantie d’un an au moins et un droit de retour si aucun effet n’est constaté.
Appelés «échangeurs d’ions», les systèmes chimiques sont, pour leur part, de vrais adoucisseurs. Leur procédé consiste à échanger les ions de calcium et de magnésium contre des ions de sodium. Le hic, c’est que la composition de l’eau est modifiée avec, notamment, une forte concentration de sodium. Ce qui n’est pas sans poser de problèmes aux personnes qui doivent limiter leur consommation de sel. Et l’investissement, pour une maison familiale, n’est pas anodin, puisqu’il faut compter en moyenne 2500 fr. A cela s’ajoute un entretien régulier pour que l’appareil reste efficace et ne provoque pas de problèmes microbiens dans l’eau.
Bien réfléchir
On l’aura compris: un adoucisseur peut se justifier pour des eaux très dures, à condition d’être installé et entretenu dans les règles de l’art. Et il est bon de rappeler que, si le calcaire peut causer des problèmes d’entartrage et réduire l’efficacité des produits moussants (lessive, savon, etc.), il n’est absolument pas malsain ou nocif pour la santé.
Yves-Noël Grin